C’est avec un premier duo en raid sur un test de longue distance que nous nous lançons, Christophe et moi ce 25 mai 2014, pour le Raid des Conquérants version Hastings (90 km). Cette 7e édition du raid organisée par l’UFOLEP 14 partait de la maison Forestière de Mutrécy(14).
Notre nouvelle équipe part avec un objectif assez simple : finir la course proprement, sans boulettes (ne pas perdre de balises ou se perdre), faire de bons choix stratégiques, éviter la casse physique et/ou matérielle. La préparation physique est assez faible, manque de course et blessures à répétition à la cuisse pour Christophe qui a préféré assurer une semaine blanche avant le départ. Disons-le tout de suite, l’objectif ne sera pas atteint !
La distance annoncée est de 90 km avec 50 km de VTT, 12 km trail, 8,5km de canoë, de la CO pour environ une heure. Les 90 km nous semblent surestimés au départ, mais on ne demande qu’à se tromper...
La météo est très prometteuse avec une journée ensoleillée et pluie vers 17h.
Avec un départ étalé toutes les minutes, les rencontres entre équipes se feront plutôt rares. C’est parfois plus agréables que d’être filé au train toute la course.
Un rapide briefing suivi d’un départ vers 8h10 avec un premier suivi VTT de 4,5 km vers la forêt de Grimbosq. Les balises se trouvent plus ou moins facilement, même si elles sont mis à des endroits parfois piégeux (intérieur d’un viraqe...). Mais on démarre tranquillement sur un petit rythme sur un terrain roulant, craignant le réveil de la blessure de Christophe.
Arrivés près du parc animalier, on enchaîne avec une CO assez courte de 20 min maxi et 2 balises à carter avec un azimut-distance. On a le nez creux de placer ces deux balises sur notre carte avant de partir. Elles sont assez éloignées, mais ça nous semble jouable de les faire dans le temps imparti. Malheureusement, ce choix s’avérera néfaste, aucune équipe n’ayant réussi à remplir ce contrat. Il eût en fait été préférable de ne pointer qu’une balise pour ne pas être trop pénalisé (5 min de pénalité par minute dépassée).
Retour aux VTT au bout de 22min30, avec une mauvaise surprise, la cuisse de Christophe vient de se réveiller lors d’une simple glissade dans une zone boueuse. On est alors tous les deux sur le qui-vive ! Le moindre faux-pas suivant peut être fatal et sonner la fin immédiate de la course.
On redémarre ensuite avec une section VTT’O de 7km où on doit prêter notre matériel (règle, stylos...) à plusieurs équipes venues un peu les mains dans les poches. On carte les 5 nouvelles balises et on enchaîne le tracé assez facilement, mais toujours physiquement en retrait et sur la défensive pour ne pas écourter ce long raid trop rapidement. Nous rencontrons quelques autres équipes de temps en temps sur cette portion, mais un dernier choix stratégique payant nous amène jusqu’à l’épreuve surprise sans difficultés en en doublant plusieurs. D’autres s’amuseront à faire du yoyo dans les courbes de niveaux avant de nous rejoindre...
Le chrono arrêté sur place nous permet de profiter tranquillement de la sarbacane et du pont de singe assez simple entre deux arbres. Après quelques ravitos et plaisanteries de rigueurs sous des auspices estivaux, on repart avec plusieurs tours d’élasto bien serrés en prévention autour de cette cuisse récalcitrante.
Il fait vraiment beau, on est bien dans les temps, la barrière horaire annoncée (15h avant le canoë) s’avère à notre portée au vu de notre rythme, même pépère.
La carte de suivi VTT suivante de 22 km s’annonce plus difficile avec du dénivelé dans de très beaux chemins, parfois très pentus vers le haut comme vers le bas obligeant à poser pied à terre dans les deux cas, pour éviter les accidents inutiles. La descente autour du km 23 s’avère très technique, on ne sait plus si c’est le vélo qui retient le bonhomme ou l’inverse mais la cuisse tient toujours bon. Ce rythme tout en souplesse me va bien et me ménage pour les épreuves de trail que j’appréhende. Au traversée d’une route, on apprend qu’on est 10e (sur une vingtaine d’équipes) et que l’autre est juste devant à 2 minutes. On les rattrape facilement pour découvrir que ce sont des virois bien connus (Alain et Tienno, dit "Le lièvre et la tortue" ) !
Après quelques taquineries et un doublage en bonne et due forme et de belles bosses de dénivelé, on arrive au lieu de dépôt des VTT en ayant pris toutes les balises qu’on a croisées ("Attentif !" est notre cri d’alerte quand on sent la balise proche). On part alors pour 9,5 km de trail, un coup de fouet vite avalé aidant à se mettre dans le bain. Les 5 premiers km sont plutôt roulants. Mais s’enchaînent alors 3 grosses bosses qu’on ne peut que monter en marchant (pour ma part en tout cas). Le rythme en prend un coup mais on compense avec des descentes bien calées ("Abdos contractés et bassin en rétroversion" : j’ai retenu la leçon !) et on finit tranquille avec une dernière épreuve surprise : la traversée de l’Orne en radeau-bac avec pagaies. Marrant, mais on se met un coup de speed alors que le chrono est arrêté depuis la balise précédente (on ne l’apprend seulement qu’après-coup).
Il est 13h40 avant de commencer le canoë, on prend notre temps, on taille une bavette avec les organisateurs et on repart, en se disant qu’on vient de passer la barrière horaire sans trop forcer. On franchit le premier barrage et 300m après le départ, on se rend compte qu’on a oublié de pointer la balise de redémarrage du chrono. On accoste en catastrophe pour retourner à pieds repointer la balise et repartir de plus belle. Une seule petite balise pour cette section de 8,5 km de canoë, mais des séries de crampes aux adducteurs qui se relaient passant de l’un à l’autre membre de notre équipe de bras cassés, à tour de rôle, faisant bien marrer l’autre à chaque fois. Une descente bien monotone puisqu’on ne verra personne à part une autre équipe, vite doublée, mais pas dans notre catégorie.
On accoste tranquillement à la fin de notre périple nautique en 1h03 en aidant à débarquer, ranger le canoë et retourner aux VTT prêts à enchaîner la suite de l’aventure, plutôt requinqués par cette section qui nous reposer les jambes mais nous a presque donné froid.
Et là, une grosse surprise en arrivant aux VTT : on a dépassé la barrière horaire qui était de 15h APRES le canoë et non AVANT !
Il est 15h04, on est prié de rentrer illico, en perdant ainsi 10 balises (comprenant un Road-book VTT de 10,5 km , une VTT-mémo et un suivi VTT de 8,5 km).
Même si l’erreur de lecture de la feuille de route est de notre fait, on est assez déçu de ne pas pouvoir finir le raid dans sa totalité, quel que soit le classement. Impossible pour nous de finir ce raid complètement, alors qu’il ne reste que 20 km et une petite CO de 30 min derrière, alors qu’il est tout juste 15h. On nous dirige donc vers le point de retour via un itinéraire suivi, plus que déçus, surtout au vu du temps perdu lors de nos pauses gaudrioles à rallonge hors-chrono.
De retour à Mutrécy, on se prépare à la dernière section : un trail de 1,5km, suivi d’une CO au score de 30 min et le retour par le même itinéraire.
On récupère, on se remet dans la course pour cette dernière partie qu’il va falloir gérer physiquement, même si on est beaucoup plus frais que les autres équipes devant nous.
La descente se fait facilement vers la forêt de Grimbosq et on se met d’accord sur les choix des balises à prendre : monter sur le plateau à l’ouest, rester sur les hauteurs et prendre les balises en ligne, puis redescendre et aller chercher les autres sur le retour en remontant éventuellement sur la butte en face. Sur les 10 balises placées, 7 nous semblent jouables. Christophe part donc en tête et je peine à le suivre, malgré SA blessure et il enchaîne les balises pendant que je tente de le suivre, le devinant à travers les feuillages, plusieurs coupes dans les parcelles sont bien senties. On redescend dans le vallon pour aller chercher une balise mal placée (celle près du pont) mais qui sera tout de même pointée, presque par accident, pour remonter sur le versant opposé et finir sur la motte féodale de Grimbosq (site historique local).
Mais sur le retour, il reste une poignée de minutes qui nous laisse espérer qu’on peut aller en prendre une autre, à nouveau en haut du plateau mais qu’il faut remonter à quat’ pat’s, et finir en coupant à travers bois. Les dernières centaines de mètres paraissent interminables et se font à l’arrachée pour le gros blessé de l’équipe qui pointera le boitier final en 29min et 30 sec, sans dépasser le temps limite autorisé.
La remontée du retour se fera dans un moins bon état qu’à l’aller (quoi que presque plus rapide !) mais permettra de terminer ensemble.
Le verdict du doigt électronique est immédiat : on est 9e sur les 16 équipes classées ayant terminé le raid. C’est un résultat honorable au vu de notre course et de notre préparation.
Bilan du raid : Ce fut un raid très varié avec des sections offrant des passages exigeants et techniques (trail, VTT) mettant le physique à rude épreuve. Les cartes ont gagné en qualité d’impression par rapport à l’impression (les zooms ont été appréciés).
Conclusion et regrets : On regrette de ne pas avoir eu de cartes en double pour chaque épreuve pour permettre une orientation en duo. La première CO trop exigeante n’incitait pas les équipes à aller chercher toutes les balises, c’est dommage (erreur de timing ou choix volontaire ?). Les sections neutralisées n’étaient pas assez signalées et mériteraient d’être précisée plus clairement pour une meilleure gestion de la course.
Au final, on a donc hâte de pouvoir à nouveau concourir sur ce type de course longue en veillant à mieux se préparer physiquement et tenter de se rapprocher un peu du podium.
L’organisation était au top, le nombre de bénévoles présents est impressionnant !